Programme du Jeudi 30 mars

10h00

Introduction par les organisateurs

  • Musée français de la Brasserie (MFB),
  • Archives modernes de l’architecture lorraine (AMAL),
  • Association pour le patrimoine industriel en Champagne-Ardenne (APIC)

10h30

Introduction scientifique : le patrimoine industriel brassicole

Géraud Buffa, adjoint à la cheffe de la Mission de l’Inventaire général du patrimoine culturel, ministère de la Culture

La Lorraine terre de brasseries

Présidence de séance : Jean-Pierre Husson, professeur émérite, université de Lorraine-LOTERR, Académie de Stanislas..

11h00

La longue tradition de la bière en Lorraine

Benoît Taveneaux, président du musée français de la Brasserie.

La tradition de la bière est très ancienne en Lorraine. En atteste une stèle du 1er siècle figurant Gambrinus, dieu gaulois de la bière, trouvée en 1895 à Sarrebourg. Au 18e siècle, une grande et belle brasserie est tenue à Nancy par le sieur Hoffmann qui bénéficie d’un monopole. Après l’abolition des privilèges, les « bièreries » se multiplient. En 1805, on en compte déjà 29 !

À Tantonville, dès 1852, les frères Tourtel développent la technique de fermentation basse qui deviendra la norme internationale. C’est aussi à Tantonville que Pasteur mène les recherches qui aboutissent en 1876 à la publication du premier ouvrage scientifique sur la fermentation de la bière, reconnu internationalement.

En 1892, la première école de brasserie française s’ouvre à Nancy. Des centaines d’étudiants s’y forment et son laboratoire, devenu aujourd’hui l’Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie (IFBM), joue un rôle primordial dans la recherche appliquée à la brasserie et la malterie.

En 1966, la Société Européenne de Brasseries (SEB), premier groupe brassicole européen, voit le jour à Champigneulles. Si la Lorraine a dû fermer la plupart de ses grandes et prestigieuses brasseries, il lui reste Champigneulles, deuxième site de production français, et plus de cent jeunes brasseries artisanales qui contribuent au renouveau de la bière.

11h30

De la brasserie à la malterie et à la biochimie appliquée : l’école de Brasserie de Nancy

Pierre Labrude, professeur honoraire, université de Lorraine, Académie de Stanislas.

L’école de Brasserie de Nancy reste, au sortir de la Grande Guerre, la seule école d’Etat de cette spécialité dans notre pays. Composante de la Faculté des sciences, et à ce titre école d’ingénieurs de l’université, elle est aussi une école professionnelle qui assure la formation du personnel technique des brasseries.

L’entre-deux-guerres est pour l’école une période importante. Elle se modernise et se transforme peu à peu en une école universitaire d’ingénieurs, à un moment où la brasserie française subit d’importants changements, par suite en particulier de la réduction du nombre des établissements. La création d’une Fondation placée sous le patronage de l’Union générale des syndicats de la Brasserie française, lui permet de disposer des fonds nécessaires à son fonctionnement et aux modernisations qui apparaissent indispensables.

Plusieurs questions seront successivement envisagées au cours de la communication : la direction et les cadres de l’école, l’enseignement et le nombre des diplômes décernés, la féminisation et les prix attribués aux meilleurs élèves, l’évolution des bâtiments et enfin l’important sujet de la recherche et des orientations qu’il convient de lui donner.

13h30

Paysages et territoires industriels autour des brasseries lorraines : systèmes, palimpsestes, héritages

Simon Edelblutte, géographe, professeur, université de Lorraine-LOTERR.

Ancrés dans le territoire lorrain, autour d’implantations proto-industrielles, industrielles et artisanales plus récentes, les brasseurs, comme tous les industriels, ont construit, autour du site industriel qu’ils ont transformé, un système territorial lié à leur activité. Ce système territorial comprend au moins le site industriel lui-même (usine et annexes productives, comme les bureaux, les entrepôts…), mais aussi et parfois des logements ouvriers (les cités ouvrières), des services et commerces divers, dans un cadre paternaliste qui a concerné certaines de ces brasseries.

Au fil des décennies, ces systèmes ont évolué et ont marqué le paysage local, aussi bien au temps de leur activité (qui se poursuit parfois, comme à Champigneulles, ou se développe avec les micro-brasseries) que par les héritages de l’activité lorsqu’elle a disparu. Le paysage est en effet un palimpseste qui conserve longtemps des éléments hérités aux côtés des éléments actifs. Ces éléments seront au cœur de cette présentation qui interrogera leur rôle au sein des territoires urbains, péri-urbains ou ruraux lorrains dans lesquels ils s’insèrent

14h30

Débats

Le patrimoine brassicole des années trente dans le Grand Est

15h00-16h30 Mémoire d’un patrimoine en voie de disparition

Présidence de séance : Marie Gloc, conservatrice des monuments historiques, DRAC Grand Est

15h00

Que reste-t-il des brasseries vosgiennes ? Mémoires d’une industrie

Jean-Pierre Doyen, historien, vice-président de la Société d’émulation du département des Vosges.

À la fin du XIXe siècle, la centaine de petites brasseries vosgiennes fait place à quelques unités de production plus importantes. Pour attirer la clientèle, ces brasseries industrielles exposaient fièrement, dans de grands tableaux accrochés à l’intérieur des établissements ou sur les papiers en-tête, leurs installations modernes ; sur les murs à l’extérieur, les plaques émaillées et leurs vives couleurs se transformèrent en d’orgueilleuses armoiries, tout comme les cartons et objets publicitaires. La réussite de certains brasseurs se manifesta par la construction d’ostentatoires villas, que l’on appela, sur place, « les châteaux ».

Peu à peu, le brassage s’arrêta et seule une activité de distribution ou de négoce subsista. En une dizaine d’années, les brasseries vosgiennes ont toutes disparu.

Dernière à fermer, la brasserie de Ville-sur-Illon conserve aujourd’hui, grâce à une équipe de passionnés, la mémoire presqu’intacte du patrimoine brassicole vosgien.

15h30

Documenter l’histoire des brasseries aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle

Jean-Charles Cappronnier, directeur adjoint aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle.

15h50

Les archives de la Société Strasbourgeoise de Constructions Mécaniques : la sauvegarde d’un patrimoine industriel

Caroline Loillier, responsable des archives municipales de Lunéville

Installée dans la Cité cavalière, suite au conflit de 1870, puis à Chaufontaine, la SSCM participe au développement économique du Lunévillois, avant de cesser définitivement son activité en 1973.

Spécialisée dans la fabrication de matériel de brasserie et de malterie, de machines frigorifiques, ainsi que d’appareils de levage et de manutention, la « Strasbourgeoise » a œuvré pour de nombreux établissements basés en France comme à l’étranger.

Grâce à la préservation des documents de l’entreprise par Messieurs Reinhardt père et fils, et à une volonté politique forte, ce patrimoine industriel a pu être sauvegardé pour être conservé aux archives municipales de Lunéville. Ce don exceptionnel d’archives privées, comprenant pour l’essentiel des plans, permet d’enrichir notre mémoire collective, en rendant accessible au plus grand nombre ces documents ayant un fort intérêt patrimonial.

16h15

Débats

16h30

Pause

17h00-19h00 Un patrimoine en danger ?

Présidence de séance : Marie-Agnès Sonrier, AMAL, Académie de Stanislas

17h00

Sauvegarder le patrimoine industriel ? L’exemple des brasseries en Lorraine

Marie Gloc, conservatrice des monuments historiques, DRAC Grand Est

Si les brasseries industrielles se sont développées de manière importante en Lorraine à partir du XIXe siècle, leur déclin à partir de la fin du XXe siècle, face à l’automatisation des processus et la concentration des entreprises, a été tout aussi fulgurant et est à replacer dans le mouvement qui a emporté, de la même manière, la quasi-totalité des entreprises industrielles :  le textile, la métallurgie, les mines et autres industries agro-alimentaires.

D’immenses bâtiments sont alors abandonnés, très souvent à l’intérieur ou à proximité immédiate des villes ou bourgs. En parallèle et consécutivement, la notion de patrimoine s’élargit et interroge cette industrie que jusqu’alors on dénonçait pour les désagréments qu’elle créait à ses alentours. Des enquêtes sont lancées et tout particulièrement la thématique « patrimoine industriel » au sein de l’inventaire général, qui a conduit à recruter des chercheurs spécialisés afin de parcourir le territoire pour, au moins, sauvegarder la mémoire de ce passé en train de disparaître. C’est le cas pour les brasseries dont la disparition progressive suscite alors des émotions.

Face au risque de démolition de ces édifices, les conséquences sont multiples, de la disparition pure et simple à la protection au titre des monuments historiques en passant par la réintégration de certains éléments au sein d’architecture nouvelles.

Quels moyens peuvent être, ou ont été mis en œuvre avec plus ou moins de réussite, c’est ce sujet qui sera évoqué, avec un focus également sur la question des machines et des objets mobiliers en parallèle avec la question du musée.

17h30

De la brasserie familiale au site de production : les enjeux de la protection de l’ancienne brasserie L’Espérance à Schiltigheim

Benedicte Mathey, chargée de la protection des monuments historiques, DRAC Grand Est

La grande tour Heineken qui domine la commune de Schiltigheim en fait l’un des symboles de la ville : il s’agit de la dernière des grandes brasseries schilikoises encore en activité. Fondée en 1746, la brasserie a connu un développement industriel sans précédent jusqu’à son rachat par le groupe Heineken en 1972. Sa salle de brassage est l’une des plus intéressantes des derniers sites brassicoles encore conservés. Mosaïques, vitraux, cuves de cuivre rutilantes, mais aussi grandes baies, escaliers larges, mises à distance : décor Art déco et fonctionnalisme se conjuguent dans la salle de brassage. Début 2022, une demande de protection a été formulée, la difficulté étant de protéger des éléments remarquables de la mémoire brassicole sur un site de production en grande partie automatisé et prochainement aussi reconsidéré.

18h00

« De Brautuerm » : le symbole de l’activité industrielle diekirchoise bousculé par la croissance démographique

Yves Claude, conservateur du musée brassicole des deux Luxembourg

Cette présentation jette un regard critique sur le récent projet urbanistique qui devrait être réalisé sur le site de l’ancienne brasserie à Diekirch, et dévoile la stratégie utilisée pour démolir un monument industriel classé. Du point de vue architectural, cette tour s’inscrit à merveille dans le concept du « Bauhaus » allemand. De plus, la vie intérieure de la brasserie s’organisait également à l’allemande, c’est-à-dire que toutes les activités étaient groupées dans un seul bâtiment, et que le processus de fabrication se déroulait de manière verticale, du haut de la tour vers le bas.

La construction, presque centenaire, est non seulement le symbole industriel de la ville de Diekirch, mais aussi de tout le nord du Grand-Duché de Luxembourg. Elle représente à merveille les ambitions d’exportations de toutes les industries grand-ducales, plus que centenaires. C’est pour ces raisons qu’elle était une attraction touristique d’envergure et était donc représentée dans tous les dépliants touristiques de la ville.

18h30

Débats

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