Au commencement ...

Bien qu’il soit fait mention sur des manuscrits du 16ème et du 17ème siècle de brasseries à Saint-Nicolas-de-Port, la première dont on connaisse précisément l’emplacement se trouvait 21 rue de Laval (actuelle rue Charles Courtois). Elle est créée par François Duval, brasseur demeurant à Charmes, qui avait acheté cet immeuble en 1826. En 1841, il cède l’affaire à Charles-Alexis Pitoux, qui la revend en 1846 à François-Louis Courtois et à son frère Gabriel.

Le 7 août 1859, Gabriel Courtois et son épouse Catherine Collot (1838-1917) donnent naissance à Charles et, 11 mois plus tard, à Lucien leur second fils. Devenus adultes, ils géreront l’entreprise jusqu’en 1907, date à laquelle elle fusionne avec l’autre brasserie locale rachetée l’année précédente par les frères Moreau dont le père Antoni Moreau est installé brasseur à Vézelise depuis 1863. L’ensemble prend le nom de « Grandes Brasseries de Saint-Nicolas-de-Port ».

L’autre brasserie portoise, appelée Brasserie du Vaisseau en référence aux armes de la commune fut implantée 18 rue du canal en 1839 par Étienne-Victor et Laurent Bertrand. En 1862, la brasserie est cédée à Nicolas et Dominique Henry, ce dernier étant déjà brasseur à la brasserie Saint-Sébastien à Maxéville En 1878, Prosper Servais s’en rend acquéreur et réalise des travaux de modernisation. En 1882, il revend à Jules-Léon Schwab, déjà brasseur à Chatillon-sur-Seine qui lui-même vendra aux frères Moreau en 1906.

En 1907, les Frères Courtois et la famille Moreau réunissent leurs deux établissements pour créer « les Grandes Brasseries de Saint Nicolas ». Paul Moreau en prend la direction. Dès 1925, il projette de rénover la brasserie, mais finalement, avec l’aide de l’architecte Fernand César, il conçoit une nouvelle usine, ultra-moderne. Elle sera réalisée en 1931-32 par l’entreprise France-Lanord. Magnifique illustration de l’architecture industrielle « Art-déco », les bâtiments seront ultérieurement classés.

En 1933, au décès de Paul, son neveu Jean Moreau reprend la direction de l’entreprise et poursuit la politique d’expansion par une recherche de nouveaux débouchés en particulier vers l’Afrique et par l’absorption de plusieurs brasseries: Dombasle en 1935, Baccarat et Vaucouleurs en 1949.

En 1959, les usines de Vézelise et Saint-Nicolas-de-Port fusionnent. Elles s’associent également avec Sedan dans les Ardennes. En 1972, elles seront rachetées par le groupe Sébastien Artois qui fermera Vézelise puis Sedan et enfin Saint-Nicolas en 1986, mettant ainsi un point final à deux siècles d’activité brassicole dans le bassin de la Meurthe au sud de Nancy.

De la Brasserie… au Musée

En 1985, l’annonce de la fermeture de la brasserie fut vécue comme un drame local : plus de 100 personnes furent subitement privées d’emploi dans une cité de 8000 habitants… Hélas, il s’est vite avéré que la décision était irrévocable.

Un petit groupe de gens, parmi lesquels plusieurs ouvriers de la brasserie et la municipalité ne voulaient pas laisser perdre la mémoire de cette entreprise qui concernait une grande partie des familles portoises. Un dossier d’inscription à l’inventaire fut monté et, rapidement, une décision administrative provisoire permit d’empêcher le démantèlement. L’arrêté définitif de classement devait être confirmé un peu plus tard, en 1989.

La Commune, convaincue du bien-fondé du projet et ayant acquis l’ensemble du site de la brasserie, confia à une association les bâtiments « tour de brassage », « bâtiment des machines » et « bâtiment administratif » dans le but de créer et d’animer un musée.

Dans cette association, les uns et les autres, tous bénévoles, étaient stimulés par des motivations très diverses: sauvegarder un outil de travail représentant 30 ans de leur vie, contribuer au développement du tourisme local, conserver un patrimoine architectural, promouvoir la culture du produit bière souvent mal connu, épargner des machines industrielles d’une autre époque de la démolition. Quelques subsides municipaux aidant, le Musée Français de la Brasserie put ouvrir ses portes le 1er juillet 1988.

Depuis, des dons, des achats, des mises en valeur ont permis d’améliorer la présentation initiale qui était succincte. Les visiteurs sont plus nombreux (8 à 9000 par an), les activités et animations de l’association se multiplient: expositions à thème, bourses d’échange, conférences, brassage amateur…

L’équipe des bénévoles s’est, elle aussi, étoffée, elle a pu, en particulier, s’enrichir de professionnels de la brasserie, professeurs de l’ENSAIA et responsables de l’IFBM, qui ont apporté une compétence et une ouverture au monde professionnel de la brasserie indispensables au Musée. L’équipe a également la chance de conserver en son sein plusieurs anciens de l’entreprise dont le témoignage est essentiel à la bonne connaissance de ce qu’était une brasserie industrielle « classique ».

Enfin, un secteur d’animation s’est particulièrement développé depuis 1995, c’est celui du brassage amateur qui, à l’occasion de démonstrations, de concours, de conférences et de stages, permet d’accueillir à Saint-Nicolas-de-Port des passionnés de brasserie qui viennent spécialement de toute la France et de l’étranger.

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